A Guerting, la cantine scolaire fait sa rentrée... au restaurant !
- 31 août 2019
- 3 min de lecture
La mairie de la commune mosellane a construit L'Ô à la Bouche, un restaurant qui abrite aussi la cantine scolaire, condition sine qua non pour que les familles continuent de scolariser leurs enfants à l’école du village.
A Guerting, village de 890 âmes, niché dans un écrin de verdure, en Moselle-Est, à 9 km de Creutzwald, une dizaine de Boulay, mettre les petits plats dans les grands ne se résume pas à une formule rhétorique. Le midi, quatre jours par semaine, les enfants de l’école primaire (maternelle et élémentaire) qui le souhaitent, mangent au… restaurant.
Ils mangent comme les grands !
Pour 5 à 6 euros (en fonction du quotient familial), ils peuvent, par exemple, s’ouvrir l’appétit avec une macédoine légumes-jambon, puis poursuivre avec un pavé de saumon et un risotto aux légumes, agrémenter leur repas d’un morceau de fromage, puis terminer par un gâteau de semoule. Sur la soixantaine d’élèves que compte l’école, ils sont entre 15 et 20 à fréquenter quatre jours par semaine « L’Ô à la Bouche » où ils mangent comme les grands, le cuisinier s’inspirant de ses plats du jour pour choyer ses pensionnaires servis dans une salle réservée, avec la complicité bienveillante des deux animatrices du périscolaire.
Quatre ans de réflexion
Il n’est pas excessif d’écrire que le restaurant a sauvé l’école. « On peut dire ça comme ça », convient volontiers le maire, Raymond Marek. Il se souvient précisément de la genèse du projet, et frémit encore rétrospectivement de son audace et de celle de son conseil. « C’était lors de mon précédent mandat, mon premier adjoint suggère de réfléchir à un lieu de convivialité dans notre bourg, qui bénéficie d’un tissu associatif fort, mais plus de bistrot. Parallèlement, des parents nous réclament une cantine, condition pour continuer à scolariser leurs enfants au village. »
La réflexion dure quatre ans. « Nous nous décidons en 2012 pour un investissement lourd, la création d’un bar-restaurant qui pourrait aussi accueillir des enfants à manger le midi. L’investissement s’élève à 420.000 euros, dont 250.000 à notre charge sous forme d’un emprunt sur 10 ans. L’État, le Département, la Région, la communauté de communes ont abondé. Nous avons acquis le terrain, construit le bâtiment, équipé la cuisine, acheté tables et chaises. À 30 mètres de l’école ». « Mais à deux ans des municipales, nous n’en menions pas large », sourit aujourd’hui Raymond Marek. Pour dénicher le gérant idoine, la municipalité sollicite Jean-Pierre Pernaut pour passer dans son émission SOS Villages. « Nous avons reçu 136 propositions. Dont un monsieur de Béziers qui m’a demandé s’il pouvait disposer d’un logement et s’il serait fonctionnaire. Je lui ai répondu : ‘’Hé, couillon que non !’’ », en rigole encore le maire de Guerting.
" L'affaire est viable "
Le restaurant est inauguré fin 2012. La douche écossaise : « On avait tablé sur une moyenne de 15 enfants, on s’est retrouvé à la rentrée avec cinq fois moins… » Mais le bouche-à-oreille a contribué à la réputation de la prestation (lire ci-contre). « L’affaire est viable, le montant du loyer couvre notre prêt », respire le maire. L’avenir s’annonce radieux : « La cigogne s’est arrêtée 14 fois au village l’an dernier. » De quoi donner l’envie à Raymond Marek, 70 ans, conseiller municipal de 1983, maire depuis 1995, de refaire encore un tour de piste. (Source RL30/08/19)































































Commentaires